Succéder à Nobuo Uematsu. Sans doute le meilleur symbole de l’angoisse du compositeur de jeu vidéo à qui on confie une tâche démesurée. On reconnaît le courage de ces musiciens quand ils répondent oui à cette proposition. Après Hitoshi Sakimoto, qui a brillamment apporté à Final Fantasy XII ses orchestrations les plus épiques, c’est à Masashi Hamauzu qu’a été confié la tâche de mettre en musique un Final Fantasy numéroté : le XIII. Lorsque la bonne nouvelle a été annoncée, le jour même où le jeu a été révélé, le rendez-vous était donné. Hamauzu n’est pas le premier amateur venu. Il a construit sa carrière en brisant les barrières d’un genre qu’il admirait depuis longtemps et qu’il voulait porter à un niveau supérieur, celui de l’audace. Le déni de toute forme de stéréotypes. On ne peut y arriver sans talent. Pour endosser le renouveau du concept Final Fantasy, il n’y avait que lui : un musicien libre, chargé d’ambition, explorateur d’élégance, de contrastes, de chocs.
Hamauzu (au centre), en 2007, lors de l’enregistrement de son solo Vielen Dank
Yasuo Sako, qui arrangea en 1998 une partie des musiques de Hamauzu pour le premier Chocobo’s Dungeon, écrivait alors : « Le rideau se lève sur l’univers d’un musicien prometteur. […] Ce sont là les débuts d’un compositeur de génie ». C’est Nobuo Uematsu lui-même qui avait proposé au jeune musicien, employé par Square depuis moins de deux ans, de travailler sur ce jeu ayant pour héros la célèbre mascotte de la saga Final Fantasy. Il avait vu juste. Faisant preuve d’une audace jamais vue auparavant dans la société, Hamauzu s’offrit le luxe d’enregistrer des pistes en studio avec un orchestre au grand complet, et d’insuffler dans un jeu sans grande prétention de nombreuses influences classiques. En 2002, alors qu’il était sur le point de laisser sa série entre d’autres mains, Uematsu écrivit au sujet de celui qu’il avait lancé : « Tu es quelqu’un qui ira loin ». Il avait, encore une fois, vu juste.
Né le 20 septembre 1971 à Munich d’une mère pianiste et d’un père chanteur d’opéra, Masashi Hamauzu n’avait que peu de chances d’échapper à une carrière musicale. Etant enfant, et malgré cet environnement propice, il n’a que peu porté son intérêt sur la musique classique. Ce n’est qu’au lycée qu’il commença à découvrir les immenses possibilités offertes par ce domaine. En même temps, le jeune Hamauzu était fasciné par les compositions de Kôichi Sugiyama sur Dragon Quest, auquel il jouait. C’est ainsi tout à fait naturellement qu’il s’est dit : « Voilà ce que je veux faire plus tard ». Il s’inscrivit finalement à l’université des Arts de Tokyo, département musique vocale. Après quelques années, le jeune homme était devenu un fervent défenseur de la musique classique. « Il suffit de prendre votre temps, et un jour, vous saurez l’apprécier », écrivait-il plus tard. Il voyait dans ses premiers projets chez Square l’occasion de répandre la bonne parole. S’il avait rejoint le monde de la musique classique, aurait-il pu le faire ? Sa réponse est clairement non. Il n’aurait parlé qu’à un public d’initiés. Le jeu vidéo, en tant que média de masse, lui donne accès à un public beaucoup plus diversifié. Joueur lui-même, il n’a jamais considéré cette fenêtre comme honteuse. Il ne faisait que suivre l’exemple de Sugiyama : peu importe qu’il s’agisse d’un jeu, la musique doit être grandiose.
Michiyo et Akimori Hamauzu, ses parents
Masashi Hamauzu est entré chez Square en 1996 en tant que stagiaire, en même temps que Junya Nakano avec qui il allait collaborer plusieurs fois par la suite, et notamment sur leur premier jeu pour la société : Front Mission: Gun Hazard sur Super NES. Sous la direction intimidante de Nobuo Uematsu et Yasunori Mitsuda, les deux jeunes musiciens ont écrit quatre pistes chacun. Après une contribution aussi modeste que peu mémorable au premier Tobal la même année, ils sont tous les deux devenus des employés de Square. La première contribution de Hamauzu à la série Final Fantasy est plus précoce qu’on le pense généralement. Ayant composé sa célèbre piste « One-Winged Angel » pour Final Fantasy VII, Nobuo Uematsu a naturellement cherché les choristes pour interpréter la partie chantée. Il n’a pas eu à chercher loin : sorti tout droit du département vocal de son université, Hamauzu comptait plusieurs chanteurs parmi ses amis. Il a constitué un groupe dans lequel on trouvait notamment Tôru Tabei et Toshizumi Sakai, avec qui il avait formé à l’université un trio nommé Origin, ainsi que Matsue Fukushi, sa future femme. Cerise sur le gâteau, Hamauzu lui-même a rejoint ces chœurs. Uematsu les a plus tard surnommé le « groupe Hamauzu », et a même sollicité leur aide sur les épisodes suivants, mais sans la voix de Hamauzu, qui avait entretemps pris son envol.
« Bonjour à tous, je suis le compositeur des musiques de ce jeu, M. Hamauzu. Je sais que c’est un nom étrange, mais essayez de ne pas l’oublier ». C’est par ces mots que le musicien se présente dans le livret de la bande originale de Chocobo’s Dungeon. En japonais, son nom est effectivement assez curieux : il est composé des caractères de la plage (hama) et du tourbillon (uzu). Ce nom inhabituel était peut-être un déclencheur, la marque de l’indépendance. A peine lancé sur ce Chocobo’s Dungeon, le jeune Hamauzu, encore étudiant quelques années plus tôt, réclame d’enregistrer les thèmes d’ouverture et de fin avec un orchestre. « Et on m’a autorisé une telle extravagance, écrivait-il dans le même livret. Qui plus est, j’ai demandé à m’occuper moi-même de l’orchestration. Apparemment, aucun nouveau venu n’avait fait preuve d’une telle audace auparavant ». Voyant que les demandes même les plus folles pouvaient être exaucées, Hamauzu a certainement senti qu’il pouvait voler de ses propres ailes, qu’il pouvait enfin dire quelque chose. Le résultat est toujours un peu discret, un peu juvénile, mais la grâce est déjà présente. Toute ascension doit bien commencer quelque part.
Suite à Chocobo’s Dungeon, Masashi Hamauzu a été désigné pour écrire la bande originale de SaGa Frontier 2, sorti en 1999. Il se retrouvait alors héritier d’une série que l’on pensait entre les mains expertes de Kenji Itô, qui avait travaillé sur les trois Romancing SaGa et le premier SaGa Frontier. Cette décision l’a profondément remis en question. « Pourquoi ai-je été choisi pour composer les musiques du nouveau SaGa ? », se demandait-il, inquiet. « Dois-je céder aux attentes des fans de la série ? » Aujourd’hui, on ne peut que le remercier d’avoir choisi de répondre à cette deuxième question d’un non franc et massif. « Pourquoi faire ce que n’importe quel autre compositeur ferait aussi bien que moi ? » fut sa dernière question. Ensuite, il se mit à l’œuvre, et créa l’une des bandes originales de RPG les plus étonnantes de son époque. Ignorant toutes les préconceptions qui minent souvent le genre, Hamauzu a laissé son imagination partir dans tous les sens. Dans un incroyable parfum d’anachronisme et de dissonance, il a apposé à des décors médiévaux des rythmes électroniques balayés de mélodies tantôt paisibles, tantôt dramatiques. Et son instrument de prédilection, le piano, traverse les pistes avec autant d’audace que de sobriété. L’un des motifs les plus saisissants de son œuvre est déjà flagrant : l’emploi copieux d’un thème principal flexible, capable de revêtir de multiples robes et, grâce à cela, de ne jamais lasser.
C’est en 2001 que Masashi Hamauzu a eu pour la première fois la chance de toucher un très large public. Choisi avec son ami Junya Nakano par Nobuo Uematsu pour l’assister dans l’écriture de la bande originale de Final Fantasy X, il a malgré tout décidé de ne pas aller aussi loin qu’il l’avait fait avec SaGa Frontier 2. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, le dixième épisode étant chargé d’une atmosphère mystique se prêtant davantage à des airs reposants qu’à des déchaînements électroniques. Grâce au degré d’expressivité atteint par les graphismes en 3D, Hamauzu a cherché une équivalence dans sa musique. Les personnages étant devenus plus expressifs, pouvait-il lui aussi communiquer des émotions au joueur sans le ressort spécifique de l’image ? « A partir du moment où les gens jouent un morceau autrement, […] il est impossible de retrouver sa signification réelle », écrivait-il dans le livret de la bande originale. « S’ils se demandent ce pour quoi le compositeur travaillait et ce qu’il cherchait à exprimer, alors cela montre qu’il a échoué ». Qu’il se rassure. Ses musiques restent magiques en toutes circonstances et ont la force d’exister par elles-mêmes. Dans son élaboration de l’univers musical de Spira, Hamauzu a avant tout choisi d’en souligner la beauté et la magie, c’est-à-dire la facette la plus optimiste. Junya Nakano, en comparaison, a écrit les rythmes les plus inquiétants et les ambiances les plus nébuleuses.
Deux ans plus tard, en 2003, Masashi Hamauzu est revenu à la série SaGa avec le très déroutant Unlimited SaGa. Sans doute plus libre que dans la série Final Fantasy, le compositeur et son fidèle collaborateur Ryô Yamazaki, programmeur sonore, ont exploré un nouveau procédé qui consiste à intégrer des passages acoustiques sur des nappes de synthétiseur. Si la plupart des pistes du jeu sont au synthétiseur, certaines gagnent grandement en profondeur grâce à l’ajout d’instruments enregistrés en studio. Unlimited SaGa avait l’avantage de proposer des musiques en streaming lues directement sur le disque, et non reproduites par la puce sonore de la console. « Grâce à cela, expliqua le compositeur, ma méthode de travail a complètement changé et est devenue plus flexible. […] J’ai pu élargir la palette des styles musicaux, mais j’ai aussi dû m’assurer que cela ne se faisait pas au détriment de la constance, ou que je ne me perde pas moi-même dans ma musique ». A ce jour, Unlimited SaGa est le travail le plus déstabilisant de Hamauzu. S’il compte une moitié de pistes douces, l’autre moitié est plus folle encore que SaGa Frontier 2. Dans leur enthousiasme, Hamauzu et Yamazaki ont plongé leurs thèmes de combat dans la fusion jazz-rock, le tango ou la techno, entre autres genres. Dans un RPG très classique visuellement, ce n’est pas anodin.
En 2005, les deux assistants de Nobuo Uematsu sur Final Fantasy X se sont retrouvés sur Musashi: Samurai Legend. Contrairement à leur précédent projet, le potentiel acoustique était beaucoup plus présent, un héritage bienvenu d’Unlimited SaGa. Une nouvelle fois, un certain nombre de pistes consiste en l’ajout d’enregistrements acoustiques sur un fond au synthétiseur. Le résultat apporte une fraîcheur rare dans le domaine du jeu vidéo : par exemple, violon, violoncelle et guitare acoustique s’unissent à merveille pour le thème d’Istara. Mais contrairement à Unlimited SaGa et sa multiplicité de styles, Musashi aborde une palette moins large, moins audacieuse. En dehors des thèmes des personnages composés par Hamauzu, la démarcation est également moins nette entre les morceaux des deux compositeurs : chacun a mis un point d’honneur à constituer des ambiances discrètes et aériennes, sans aucune honte dans la présence des instruments synthétiques. Les pistes d’exploration profitent de leur grande longueur (de 3 à 5 minutes sans boucle) pour construire une progression raffinée. En fin de compte, l’ambiance sonore du jeu est une étonnante réussite.
Suite à ces projets à la saveur si particulière, la bande originale de Dirge of Cerberus -Final Fantasy VII- semble bien sage. Une fois encore, il ne s’agit plus de SaGa, mais bien de Final Fantasy. Hamauzu n’a pas laissé filer son imagination pour mettre en musique l’aventure très sombre de Vincent dans le monde de FFVII. Au contraire, il a tenté d’harmoniser l’ensemble de la bande son pour lui donner une unité stylistique bravée çà et là par quelques remarquables solos. Mais là où une telle unité pouvait sembler plus simple à envisager qu’une bande son bariolée, il se trouve que le musicien a éprouvé des difficultés à s’adapter à la dimension cinématique du jeu. Dirge of Cerberus était son premier projet pour lequel la musique semblait s’imposer d’elle-même : il n’aurait guère pu écrire des ballades enjouées et multiplier les styles dans un titre aussi ténébreux. Bien que Hamauzu soit capable d’orchestrer lui-même sa musique, il a fait appel à un autre musicien, Yoshihisa Hirano, pour transporter sur partition les morceaux cinématographiques. Pour trouver une approche plus personnelle, il faut se diriger vers les moments de grâce inspirés par le personnage Lucrécia. La noirceur se transforme alors en un souffle apaisant. Quelques notes de piano, un violon passionné, un saxophone chaleureux ou une flûte paisible offrent de la lumière à ce jeu claustrophobe.
Contrairement à certains musiciens de jeux très prolifiques, Masashi Hamauzu ne revient qu’environ une fois par an avec un nouveau projet. Cette respiration, qu’il n’aurait sans doute pas s’il était à son propre compte, lui permet de continuer à écrire de la musique pour son bon plaisir. Du 6 au 16 février 2007, Hamauzu est retourné dans sa ville natale pour enregistrer son premier album solo, Vielen Dank. En partie solo, à vrai dire, puisque la moitié des pistes sont des reprises de ses précédents projets. Même s’il avouait avoir manqué de temps lors de la préparation de l’album, Hamauzu a retrouvé le style du disque d’arrangement qui avait suivi la sortie de SaGa Frontier 2. Et ces petites pièces au piano, teintées d’un léger voile de nostalgie, trahissent mieux les sentiments du musicien que les folies d’un Unlimited SaGa. Ses influences elles-mêmes semblent tellement plus évidentes à l’écoute de ces douces pistes : si les seuls musiciens classiques qu’il avoue admirer sont Mozart et Bach, les influences d’impressionnistes tels que Debussy ou Ravel sont flagrantes.
En 2006, le nom de Hamauzu devient associé à Final Fantasy XIII, un événement attendu étant donné l’ascension du musicien dans sa société. Dix ans après le jeu qui a bouleversé son rapport à l’objet vidéoludique, Masashi Hamauzu dispose désormais d’un public de plusieurs millions de personnes. C’est une occasion inespérée de parler au plus grand nombre, de montrer que la musique de jeu vidéo n’est pas qu’un cliché. Bien que la pression soit forte, il n’a pas fléchi. Son audace naturelle a trouvé sa place dans de nombreuses pistes et l’excellence de ses orchestrations berce le scénario émouvant. Il ne pouvait pas, cependant, laisser passer une occasion d’innover. Les développeurs ont pensé que l’un des moyens de faire passer la musique de la série à la nouvelle génération était de donner à la voix une plus grande place. Ainsi, outre les deux chansons J-pop désormais indispensables (mais tout de même composées par Hamauzu), la bande originale est riche de plusieurs chansons plus discrètes, de pistes accompagnées de voix sans paroles, et des chœurs incroyables de l’orchestre philharmonique de Varsovie. La grande différence vient du fait que la plupart des pistes chantées interviennent pendant les phases d’exploration. Pour le compositeur, cela procure un plaisir immédiat.
« Jusqu’à présent, mon travail le plus représentatif était SaGa Frontier 2, expliquait Hamauzu dans une interview. Mais maintenant, je pense qu’il s’agit de Final Fantasy XIII ». Pour que le musicien remplace son œuvre fondatrice par une autre, il faut certainement que celle-ci possède une aura supérieure. Cela signifie également qu’il n’a pas cherché à cacher son style, que le résultat est bel et bien sincère. La vérité, c’est que malgré l’ampleur du projet, Hamauzu a pu s’entourer d’amis proches et même de sa famille pour les arrangements et les enregistrements. Un climat de confiance et de compréhension qui ne pouvait échouer. Choisi sans aucune hésitation par le producteur du jeu, laissé libre dans ses choix, promis à un prestigieux orchestre polonais, entouré par ses amis et sa famille… armé de son génie naturel. L’addition du succès. « J’ai pu approcher la composition des musiques de ce jeu avec passion, motivation et juste ce qu’il faut de pression », résume-t-il.
Cette œuvre personnelle et magistrale est la dernière du compositeur avant son départ de Square Enix, en janvier 2010. En avril de la même année, il a finalement fondé son propre studio, Monomusik. Le voilà désormais libre.
– Jérémie Kermarrec
Discographie sélective
Chocobo’s Dungeon Original Soundtrack (1997)
Sa première bande originale en solo n’a rien d’un coup d’essai, et ce même si sa réflexion sur le métier n’avait pas encore abouti. Pour illustrer l’atmosphère sombre du jeu d’exploration, Hamauzu a laissé planer sur ses compositions un étonnant voile de mystère, jamais absolument joyeux, mais jamais totalement inquiétant non plus. Une ambiance remarquable qui, malgré ce qu’en dit l’artiste, n’a pas vieilli.
Chocobo’s Dungeon: Coi Vanni Gialli (1998)
Son premier vrai album d’arrangement, arrangé par lui-même et Yasuo Sako. Ce dernier donne la meilleure description de ce merveilleux disque : « Le majestueux écho de l’orchestre, ce violon abandonné qui tire sur la corde sensible, ce piano aussi superbe qu’étourdissant, cet accordéon qui vous évoque Paris… Ces musiques apaiseront votre cœur avant même que vous ne vous en rendiez compte ».SaGa Frontier 2 Original Soundtrack (1999)
Encore aujourd’hui, dix ans après, la bande originale de SaGa Frontier 2 reste monumentale. Hamauzu a claqué la porte de la petite maison des musiques de RPG pour se plonger dans un univers riche et audacieux. Tout ce que les autres auraient fait, il l’a purement et simplement ignoré. Déchaînement de rythmes modernes, solos de piano doux et envolés, irruption d’instruments inattendus, ambiances planantes ou dissonantes… Trois disques uniques qui ont forgé la carrière du musicien.
Piano Pieces « SF2 », Rhapsody on a Theme of SaGa Frontier 2 (1999)
La passion de Hamauzu pour le piano a éclaté au grand jour dans cet album arrangé très coloré et enjoué. Les pistes sont très courtes (autour de 2 minutes) mais composent une fresque d’émotions aussi différentes qu’envoûtantes : entre petites ballades à quatre mains et mélodies doucement nostalgiques, on trouve quelques ambiances mystérieuses ou inquiétantes. L’album se conclut par six rhapsodies très inspirées elles aussi.Final Fantasy X Original Soundtrack (2001)
Aidé de Junya Nakano et, bien sûr, Nobuo Uematsu, Masashi Hamauzu a écrit le tiers de cette bande originale. Un peu plus calme que sur SaGa Frontier 2, sans doute pour ne pas effrayer les fans de cette série au patrimoine musical très ancien, le musicien a tout particulièrement contribué à l’approche cinématique du jeu. Ses morceaux sont plus purs, plus lumineux, voire plus éthérés. C’est le cas du fantastique thème des furolucioles, d’où surgissent les notes apaisantes d’un saxophone. Sa contribution s’achève sur le thème du combat final, symphonie irréelle portée par un piano sauvage.
Final Fantasy X Piano Collections (2002)
Après plusieurs albums arrangés par Shirô Hamaguchi, c’est Masashi Hamauzu qui a été choisi pour transposer quelques thèmes de Final Fantasy X au piano. Cette fois-ci, les thèmes sont longs, ce qui n’a pas été sans lui poser des difficultés. « C’est le projet le plus difficile sur lequel j’ai eu à travailler », écrivait-il dans le livret du CD. Il n’avait pourtant aucune raison d’être meurtri par le résultat. Les mélodies sont reprises avec cette même lumière qui faisait le charme des originales et, surtout, avec un sens du rythme tout à fait magique.Unlimited SaGa Original Soundtrack (2003)
Son deuxième SaGa, et un choc aussi puissant que le premier. Grâce à la technologie du streaming, le compositeur et son assistant Ryô Yamazaki n’ont désormais plus aucune autre limite que celle de la créativité. Le découpage de la bande originale rend le potentiel des musiques encore plus frappant. Alors que le premier disque comporte de très jolis morceaux parsemés de solos d’instruments acoustiques, le deuxième change de style à chaque piste. Il passe d’ambiances électroniques à de la fusion jazz-rock encore une fois totalement inattendue dans un modeste RPG. Si beaucoup ont préféré oublier le jeu, la bande son demeure époustouflante.
Musashi: Samurai Legend Original Soundtrack (2005)
Cette nouvelle collaboration avec Junya Nakano ne renouvelle guère les nombreuses possibilités déployées par le compositeur au fil de ses précédents travaux, mais le résultat possède toujours une présence unique. Ici aussi, Hamauzu crée une nette démarcation entre des thèmes portés par de très légers solos d’instruments comme le violon ou la flûte, et des ambiances planantes absolument merveilleuses. Le thème de la carte du monde figure parmi ses plus grandes réussites.Dirge of Cerberus -Final Fantasy VII- Original Soundtrack (2006)
De retour à Final Fantasy pour un épisode qui ne restera pas dans les annales, Masashi Hamauzu a choisi de souligner avant toute chose l’ambiance désespérément sombre qui accompagne Vincent Valentine. Cette approche cinématique est moins audacieuse que celle de ses précédentes œuvres, mais elle reste de très bonne qualité. Quelques remarquables thèmes de lieux s’extraient des nappes orchestrales, ainsi que toutes les pistes relatives à Lucrécia, qui adoptent elles la douceur de la flûte et du saxophone. Et, bien sûr, du piano.
Vielen Dank (2007)
En adressant ce « merci beaucoup » en allemand à ses fans, Masashi Hamauzu s’est enfin décidé à explorer les terres de la composition en solo. Les onze premières pistes composent une galerie d’images nommée « dans le jardin de l’aventure ». Avec beaucoup de nostalgie et de fraîcheur, le musicien nous décrit un vieux mur recouvert de lierre, le jouet d’un enfant posé là, les fruits rouges d’un buisson ardent… Vielen Dank est un doux moment d’intimité avec un compositeur parfois si fou. Il y ajoute une série de reprises de ses morceaux pour le jeu vidéo, certaines interprétés par un petit ensemble, le tout enregistré dans son pays natal. La photographie de la jaquette a d’ailleurs été prise par lui dans la maison où habitaient ses parents à l’époque.Sigma Harmonics Original Soundtrack (2008)
La dernière bande originale du musicien avant celle de Final Fantasy XIII a pour principal défaut d’être bien trop courte. Nombre de pistes ne dépassent pas 1 minute, limitant malheureusement le plaisir à quelques thèmes suffisamment longs pour réussir à déployer toute la beauté de leurs mélodies. Malgré les limites sonores imposées par la DS, Hamauzu parvient à glisser de superbes solos de violon sur des rythmes électroniques dont certains sont arrangés par son collègue Mitsuto Suzuki.
Final Fantasy XIII (2010)
Avec 4 disques et 85 pistes, Final Fantasy XIII est avant tout le travail le plus copieux de Hamauzu. La quantité synonyme de qualité ? C’est rarement gagné, mais c’est bien le cas ici. Le compositeur enrobe les cinématiques d’une partition orchestrale gorgée d’émotions, saupoudre l’exploration d’appels au voyage et à la méditation, et jette dans l’arène de combat des morceaux contrastés, parfois épiques, parfois ténébreux. Grâce à l’interprétation de nombreux musiciens dont l’orchestre de Varsovie, les musiques déjà superbement composées gagnent encore en profondeur. Un monument, tout simplement.
Pour une discographie plus complète (mais en anglais seulement), consultez VGMdb.