C’est aujourd’hui que paraît mon nouveau livre, La musique dans Final Fantasy. De Nobuo Uematsu à ses héritiers, publié par Third Éditions. Au risque de radoter, je peux affirmer qu’on ne pouvait pas me faire plus grand honneur, car l’univers musical de la grande série fait partie de moi depuis plus de 25 ans, tant et si bien d’ailleurs que ce fut le sujet du tout premier site que j’ai lancé dans les temps anciens – en l’an 2000. Ce volume constitue donc pour moi une sorte d’aboutissement, et c’est bien à ce titre que je remercie chaleureusement Damien Mecheri, de Third, de me l’avoir proposé.
Mais, au risque de continuer à radoter, je tiens à souligner qu’il ne s’agit pas d’une somme définitive sur la question, et cela pour une simple raison : n’ayant pas de compétences en matière d’analyse musicale, j’ai choisi d’écrire un livre accessible, à hauteur de fan, en mettant l’accent sur la part humaine de la création. Plus qu’un ouvrage sur la musique de Final Fantasy, ceci est fondamentalement un portrait des compositeurs et compositeurs de la musique de Final Fantasy, ce que vous constaterez dès la couverture (et son sous-titre « De Nobuo Uematsu à ses héritiers ») et le sommaire rempli de noms plus ou moins familiers. Pas de panique : au-delà des détails biographiques, les épisodes de la série y sont largement traités, avec moult anecdotes et citations. Si vous voulez en savoir plus, je présente le contenu du livre plus précisément ci-dessous.
La musique dans Final Fantasy. De Nobuo Uematsu à ses héritiers est disponible en deux éditions. La First Print est une exclusivité du site Internet de Third Éditions, que vous pouvez vous procurer ici : son contenu est identique à celui de l’édition normale, mais elle arbore une sublime couverture signée Bani-chan, qui a réinterprété avec son pinceau virevoltant la mythique scène de l’opéra de FFVI. L’édition normale, quant à elle, est disponible dans le commerce général – si c’est là votre choix, je vous invite d’ailleurs à soutenir les librairies indépendantes. Enfin, il existe une version ebook plus économique.
La musique dans Final Fantasy – édition First Print (34,90 €)
La musique dans Final Fantasy – édition normale (29,90 €)
La musique dans Final Fantasy – format ebook (11,99 €)
Un livre sur la musique… en musique
Il va sans dire que parler de musique à l’écrit est aussi un exercice frustrant, et je rêverais de pouvoir regarder par-dessus vos épaules pour diffuser les bons extraits aux bons moments. Comme cela est impossible, pour ne pas dire intrusif, j’ai créé deux listes de lecture (au sens propre, pour le coup…) sur Spotify afin de vous accompagner de loin.
- Sélection de l’auteur – Cette première liste est une sélection personnelle de mes morceaux préférés de la série, dans la mesure des albums proposés sur Spotify et en me limitant aux bandes originales. N’y voyez donc pas un best-of objectif de Final Fantasy, juste une fenêtre sur ce qui m’a le plus touché ou intéressé. Je me suis limité à six morceaux maximum par jeu majeur, et deux ou trois pour les épisodes secondaires, hors série, extensions ou contenus téléchargeables.
- Morceaux cités – Cette liste de lecture, elle, n’a pas vocation à être écoutée telle quelle. Il s’agit d’un regroupement de tous les morceaux (de Final Fantasy ou non) mentionnés dans le livre, par ordre d’apparition (avec des doublons) et dans la mesure des albums disponibles sur Spotify. Je voulais simplement donner un moyen de retrouver ce dont je parle, même s’il faut bien admettre que cela compose une playlist plutôt maousse : plus de 650 titres et 24 heures d’écoute.
Une description plus détaillée
Long d’un peu moins de 300 pages (on ne peut pas écrire des briques de 500 pages à chaque fois…), le livre est divisé en deux grandes parties, dont la charnière est le moment où Nobuo Uematsu a cessé d’être l’unique compositeur de Final Fantasy. Comme promis ci-dessus, voici donc une description plus précise de chaque chapitre :
Premier mouvement : Nobuo Uematsu
- Chapitre 1 : l’univers musical de Nobuo Uematsu – En tant que compositeur en solitaire des neuf premiers épisodes, Uematsu a contribué plus que nul autre au son de la série. Ce chapitre retrace sa carrière en abordant sa passion dévorante pour la musique, ses trois principales sources d’inspiration (la pop, le rock progressif et les musiques traditionnelles), la lente recherche de sa propre voie, les peines causées par son autodidactisme, puis son rapport actuel avec Final Fantasy et le succès.
- Chapitre 2 : un art soumis à la technologie – Il est impossible de parler de l’histoire de la musique de jeu vidéo sans évoquer les lourdes limitations technologiques qui ont contraint le travail de ses premiers compositeurs. Ce chapitre détaille les difficultés pratiques subies (avant tout par Nobuo Uematsu) de la NES à la PlayStation 2, puis s’intéresse au sujet de la musique adaptative, qui a commencé à être adoptée par les compositeurs de Final Fantasy étrangement tardivement, à la fin des années 2000.
- Chapitre 3 : Final Fantasy selon Nobuo Uematsu – Si le chapitre 1 se consacre au parcours personnel d’Uematsu, ce chapitre 3 détaille l’évolution de son approche artistique au fur et à mesure des épisodes dont il a composé la musique. Comment a-t-il inventé le son de la série en cultivant une certaine indépendance et en puisant dans ses inspirations ? Quelle a été la démarche derrière chaque épisode principal jusqu’à FFX ? Comment a-t-il travaillé avec les équipes pour intégrer ses morceaux ? Et enfin, Uematsu étant un remarquable mélodiste, comment a-t-il peu à peu appris à utiliser des thèmes marquants pour appuyer la narration ?
- Chapitre 4 : récurrences et héritages – Bien sûr, Final Fantasy est aussi et surtout une série, et ce chapitre s’intéresse en quelques pages au liant musical des différents jeux, y compris après le retrait d’Uematsu. Il raconte ensuite la petite histoire des trois mélodies unificatrices que sont le Prelude, le thème principal de la série (sobrement intitulé Final Fantasy) et le thème des chocobos.
Interlude : la question de la succession
En guise de transition entre les deux grandes parties, cet interlude revient sur le moment clé qui a vu Nobuo Uematsu s’éloigner de « sa » série et de nouveaux compositeurs apporter leur univers à Final Fantasy. La question essentielle est même posée : existe-t-il un authentique successeur du maestro ? Et d’ailleurs, les dernières tendances de la série, en particulier dans FFVII Remake (et désormais Rebirth) où l’on compte une quinzaine de compositeurs et arrangeurs, ne sont-elles pas synonymes d’une certaine dilution des personnalités affirmées ?
Deuxième mouvement : les nouveaux maestros
Ici, j’ai sélectionné de manière arbitraire les compositeurs et compositrices qui, après Nobuo Uematsu, ont contribué le plus amplement à élargir les horizons musicaux de Final Fantasy. Chaque portrait est comme un condensé de que proposent les chapitres consacrés à Uematsu : les sources, les inspirations et les démarches créatives sur leurs épisodes respectifs. Voici les heureux élus :
- Junya Nakano – Artiste discret à l’approche épurée et curieusement dénuée de mélodies distinctes, Nakano s’est surtout illustré dans FFX (dont il a écrit les thèmes les plus nébuleux), le remake 3D de FFIV et sa suite Les Années suivantes, mais sans réellement captiver l’attention des joueurs. Ce court portrait revient sur sa démarche.
- Masashi Hamauzu – C’est un exercice difficile que de présenter le plus objectivement possible un compositeur que l’on admire plus que tous les autres. L’exercice a sans doute été impossible, mais voilà : de FFX à la trilogie FFXIII en passant par Dirge of Cerberus et sa contribution à World of FF et au projet FFVII Remake, Hamauzu n’a eu de cesse d’éblouir par la richesse de ses compositions, l’originalité de ses inspirations et l’exigence de ses propositions. Ainsi a-t-il élaboré un monde musical dense et raffiné, empruntant au classique autant qu’à la pop et à l’électro avec un goût toujours le plus sûr. Ah, et puis flûte – tant pis pour l’objectivité ! (Promis : le chapitre du livre est plus mesuré.)
- Naoshi Mizuta – Sélectionné par défaut par Uematsu pour l’assister sur FFXI, Mizuta ne pouvait pas imaginer qu’il s’embarquait pour vingt ans de mise en musique de l’univers de Vana’diel. La partition du jeu est si sobre, avant tout limitée à une sélection d’instruments acoustiques et diverses ambiances mystiques, qu’il était impensable d’entendre l’éclectisme ébouriffant du musicien quand il a composé une partie de la bande-son de FFXIII-2 et Lightning Returns… Ce portrait détaille le travail d’un homme discret mais talentueux, qui se considère comme un développeur avant d’être un artiste, répondant avant tout aux besoins du jeu.
- Kumi Tanioka et Hidenori Iwasaki – De ce duo, vous connaissez sûrement Kumi Tanioka : elle a modestement accompagné Mizuta et Uematsu sur FFXI, puis composé la magnifique bande originale de Final Fantasy Crystal Chronicles dans un style inspiré de la musique du Moyen Âge et de la Renaissance. Le nom de Hidenori Iwasaki vous est, en revanche, probablement inconnu. Arrangeur, programmeur du synthétiseur et lui-même compositeur, il a pourtant joué un rôle clé dans les réussites de Tanioka, et ce portrait commun explique en quoi.
- Noriko Matsueda et Takahito Eguchi – Ce duo a signé la musique d’un seul épisode, mais non des moindres : FFX-2, le premier FF numéroté auquel Nobuo Uematsu n’a pas du tout participé. À l’image du jeu, le choix d’une partition alliant pop, funk, électro ou disco a signé une rupture brutale avec la tradition de la série, sans doute trop violente et précoce. Il a eu raison de la carrière de Matsueda.
- Hitoshi Sakimoto – Parce qu’il avait coécrit la bande originale de Final Fantasy Tactics avec son ami et collègue Masaharu Iwata, Sakimoto s’est retrouvé de manière naturelle sur FFXII : les deux épisodes partagent en effet l’univers d’Ivalice. Sa patte orchestrale immédiatement reconnaissable entre en rupture notable avec l’éclectisme d’Uematsu, mais se marie à merveille à l’ambiance du jeu. Elle est pourtant le résultat d’une même forme d’autodidactisme improvisé, bien éloigné des racines artistiques de Sakimoto d’ailleurs, et que mon portrait décrit (sans oublier de présenter aussi Iwata).
- Takeharu Ishimoto – Rockeur dans l’âme, Ishimoto a un point de vue plutôt radical sur son travail : si les joueurs aiment ce qu’il fait, tant mieux, mais s’ils n’aiment pas, « tant pis pour eux ! ». Un esprit indocile d’autant plus étonnant qu’il s’est retrouvé aux commandes des bandes-son de plusieurs projets en lien avec FFVII (dont Before Crisis et Crisis Core) et de la série Dissidia – autrement dit, des titres qui s’intègrent dans un héritage fort, avec de lourdes attentes des joueurs. Jusqu’où peut-on jouer au rebelle au sein de ce cadre ?
- Masayoshi Soken – Sans conteste le compositeur le plus populaire de Final Fantasy après Uematsu, Soken doit pourtant son triomphe à un gigantesque échec. « Simple » directeur sonore de la première version de FFXIV, il devient un peu malgré lui le compositeur attitré de la refonte chapeautée par Naoki Yoshida. Par la générosité de ses thèmes, le grain de folie qu’il a peu à peu inséré dans son œuvre et le burlesque de ses régulières apparitions en public, il a conquis le cœur des fans et créé avec eux un dialogue remarquable de sincérité. Ce portrait retrace son parcours et décrit toutes les étapes qui ont fait de la bande-son un élément incontournable de FFXIV. (Bien sûr, il est aussi question de FFXVI.)
- Mitsuto Suzuki – Contrairement aux autres musiciens ici évoqués, Suzuki est entré chez Square Enix après le départ d’Uematsu et a commencé à composer tardivement pour la série : à partir de FFXIII-2, après quoi il a participé à Lightning Returns, Mobius Final Fantasy et au projet FFVII Remake. Son passif de DJ, son univers électronique planant et sa passion sincère pour le travail auprès des musiciens en studio font de sa musique un ensemble original et généreux, plein de petits événements vocaux et instrumentaux.
- Yôko Shimomura – L’arrivée de la compositrice de Kingdom Hearts sur la vénérable série aurait dû être un coup de tonnerre : l’infiniment séduisant Final Fantasy Versus XIII, imbibé dès son annonce d’un sublime voile orchestral, nocturne et tragique. Les choses ne sont pas tout à fait déroulées comme prévu… Il n’en reste pas moins que Shimomura est une personnalité très attachante, et ce portrait raconte son parcours avec diverses anecdotes amusantes (saviez-vous qu’elle a failli finir vendeuse de voitures ?), jusqu’aux difficultés de Versus devenu le véritable FFXV.
Notons que les chapitres sont entrecoupés par six « focus », de courts textes consacrés chacun à un morceau emblématique de la série, dont je raconte les circonstances de la naissance avant d’évoquer l’impact qu’ils ont eu. Une sélection somme toute assez prévisible, mais que je laisse les lecteurs découvrir par eux-mêmes !