Il y a quelques semaines, Square Enix tenait une réunion pour annoncer ses résultats financiers du 3e trimestre de l’année fiscale 2018, qui est en cours. À cette occasion, le PDG Yôsuke Matsuda a répondu à quelques questions des investisseurs, relatives à l’avenir à moyen terme du groupe. Le compte rendu de cette réunion est désormais consultable en ligne dans ce fichier PDF (en anglais).
Les intentions de Matsuda pour l’avenir de sa société peuvent se résumer dans cette citation : « Nous avons prévu de lancer de nombreux titres internationaux au cours de l’année fiscale 2019 [NDT : du 1er avril 2018 au 31 mars 2019] et au-delà, et nous espérons qu’ils généreront des ventes soutenues sur le long terme. » En effet, il résume en quelques mots ce qui devrait être la grande optique de Square Enix au cours des années à venir, à savoir l’application du modèle des « jeux en tant que service » à des productions majeures sur consoles et PC avec pour objectif la génération de profits sur une longue durée après le lancement des jeux. Pour qui a relevé les précédentes déclarations de Matsuda sur la question, ce n’est pas une surprise : c’était tout le sujet de ce précédent article.
Les choses commencent cependant à se préciser. Certes, il est facile de douter des capacités de Square Enix à honorer cette promesse, tant l’éditeur a souvent eu les yeux plus gros que le ventre, et un penchant gênant pour les annonces prématurées, les bouleversements imprévus en cours de développement et les difficultés à obtenir un résultat à la hauteur des ambitions de départ. Pour autant, Yôsuke Matsuda s’est montré très confiant, avec une petite réserve indépendante de sa volonté : « Nous pensons que ces jeux seront d’une qualité telle que nous serons capables de générer de grands profits lors de leur année fiscale de lancement. Cela dit, la compétition est féroce sur les marchés occidentaux, alors nous affichons encore une certaine incertitude quant à la concurrence que ces titres pourraient avoir à affronter. »
Bien qu’il était probablement difficile pour lui de laisser transparaître autre chose que de la confiance devant ses investisseurs, Yôsuke Matsuda a laissé entendre que ce qui avait pu troubler de précédents titres est désormais sous contrôle. Interrogé sur la capacité de ses studios à honorer un délai de développement moyen d’environ trois ans, il répond : « Vous pourrez estimer la durée de nos délais de production en vous basant sur les dates de lancement que nous allons annoncer pour nos prochains jeux. Je pense que nous sommes moins sujets au risque de devoir entamer des refontes grâce à la précision avec laquelle nous étudions nos concepts lors des premières phases de développement de chaque projet. Je pense que les efforts consentis pour les nouveaux titres que nous allons lancer à partir de l’année fiscale 2019 progressent conformément à ce que nous avons envisagé. » Par « refontes », il entend sans doute ce qui est arrivé récemment à Final Fantasy VII Remake, dont la main-d’œuvre a été soudainement rapatriée en interne, non sans entraîner une campagne de recrutements massive ; une nouvelle fâcheuse pour un jeu dont l’existence a été dévoilée il y a bientôt trois ans…
Quand pourrons-nous commencer à découvrir ces plans d’avenir ? Prochainement, si l’on en croit la réponse de Matsuda : « Le développement de ces titres majeurs est en cours à la fois dans nos studios au Japon et dans le reste du monde. Nous allons procéder à l’annonce de leurs dates de sortie entre la fin de l’année fiscale 2018 [NDT : le 31 mars 2018] et l’E3. » E3 qui se déroulera du 12 au 14 juin 2018. Après une présence extrêmement timide sur le grand salon américain cette année, Square Enix a tout intérêt à frapper fort l’an prochain. Certes, le meilleur moyen de frapper fort serait de révéler d’abord les dates de sortie définitives de jeux attendus de très longue date…
Les projets majeurs connus actuellement en cours de développement sont peu nombreux : Kingdom Hearts III (pour l’instant annoncé pour 2018), Final Fantasy VII Remake (qui se voit repoussé dans un futur lointain) et le premier titre du projet Avengers de l’accord signé avec Marvel. Mais dans les coulisses, en tout cas au Japon, plusieurs départements couvent des projets dont la nature n’a pas été révélée. La Business Division 2 de Hajime Tabata planche sur un ambitieux projet, une nouvelle propriété intellectuelle qui n’entrera cependant en production que l’an prochain et qui ne devrait donc pas voir le jour avant un long moment. Pour l’effet de surprise, il faudra sans doute se tourner vers la Business Division 5 de Naoki Yoshida, qui recrute toujours activement pour un nouveau jeu dont l’identité se prête à des spéculations de plus en plus insistantes. Au vu des déclarations du PDG, la possibilité d’un dévoilement en 2018 se fait de plus en plus probable.
Mais avec tout cela, se pourrait-il que Square Enix passe à côté du véritable phénomène actuel du marché international du jeu vidéo – le succès de la Switch de Nintendo ? Comme beaucoup d’autres, l’éditeur a prévu de rattraper le temps perdu. Ainsi Matsuda commente-t-il : « Nous nous réjouissons de l’arrivée d’une telle console. Nous souhaitons être proactifs en termes de développement, étant donné qu’il s’agit d’une plateforme convenant bien à des jeux de taille intermédiaire, dans lesquels nous excellons. » Il précise : « La Nintendo Switch nous permet d’exploiter facilement notre catalogue existant de contenus et notre savoir-faire. Pour cette plateforme, nous souhaitons nous engager dans la création de nouvelles propriétés intellectuelles et dans la réactivation d’anciens titres. » Une bonne nouvelle pour Nintendo, qui a réussi à attirer sur sa nouvelle console une attention qui avait cruellement manqué à la Wii U.