Alors que reviennent cette semaine Final Fantasy X et X-2 sur PlayStation 4, pour les (riches) joueurs qui ne les connaissaient pas encore, nous fêtons cette année le 9e anniversaire de la sortie japonaise de Final Fantasy XII.
Là où tous les épisodes hors ligne qui l’ont précédé ont désormais été portés sous différentes formes sur des plateformes modernes, ce douzième épisode est le seul à n’avoir jamais quitté sa console d’origine, la PlayStation 2. Cela, malheureusement, le rend plus difficilement accessible désormais, et les téléviseurs HD actuels affectent durement ses graphismes de l’ère cathodique. Certains diront alors qu’une remasterisation sur PS3 ou 4 n’est qu’une question de temps, car Square Enix a pour réputation d’aimer les portages, mais le statut bien plus discret de cet épisode et d’autres facteurs semblent plutôt jouer en sa défaveur. Chez Square Enix, en effet, les projets sont le plus souvent endossés par un producteur : celui-ci soumet l’idée, se charge de la défendre auprès du PDG pour que celui-ci donne son feu vert puis, si elle est validée, suit la conception du début à la fin.
Si cela n’a manifestement pas été un problème pour FFX/X-2, Yoshinori Kitase étant toujours actif et à la tête de son propre département, les têtes pensantes de FFXII sont désormais soit parties de chez Square Enix, soit très occupées sur d’autres projets. Yasumi Matsuno, bien sûr, a quitté l’éditeur il y a longtemps, pendant le développement du jeu. Son remplaçant au poste de producteur, Akitoshi Kawazu, travaille sur le nouveau SaGa pour Vita, et il avait de toute façon bien fait comprendre à l’époque qu’il n’était pas du tout emballé par le jeu. Une partie des développeurs clé, tels que Hiroshi Minagawa, a les mains pleines sur FFXIV. Quant à Hiroyuki Itô, entre deux idées de gameplay pour des titres smartphones, il fait preuve d’une telle discrétion depuis des années qu’on a du mal à le voir revenir sur le devant de la scène avec un tel projet. La seule personne qui semble aujourd’hui capable de mettre un FFXII HD sur les rails est Shinji Hashimoto, en tant que brand manager de Final Fantasy, et conformément à son envie de rendre les anciens épisodes jouables sur les consoles actuelles.
Alors on ne peut pas dire que l’enthousiasme soit débordant pour cet épisode au sein de Square Enix, ce qui m’attriste profondément. Car FFXII est un jeu exceptionnel, d’un raffinement rare, et puisant sans honte dans les codes du MMORPG pour créer un univers immense rempli d’ambiances et d’activités en tous genres. Premier titre numéroté hors ligne à avoir banni la transition entre exploration et combats, il met un point d’honneur à donner au joueur une sensation enivrante de voyage. À plusieurs reprises au cours de l’histoire, les héros doivent en effet traverser d’énormes décors sauvages et riches en recoins à découvrir. Pour nous accompagner dans cette optique d’aventure, le système de combat est paramétrable à tel point qu’il permet d’automatiser toutes les commandes les plus élémentaires, pour mieux se concentrer sur les nombreuses quêtes à accomplir et la découverte d’Ivalice.
Et quel monde, cet Ivalice ! À regarder, dans ses multiples paysages et ses villes aux architectures spectaculaires, et à lire, dans sa passionnante encyclopédie remplie d’anecdotes et de légendes, à débloquer au fur et à mesure des monstres vaincus. Et bien que le soin immense apporté à l’exploration de toutes les facettes de cette aire de jeu immense se fasse au détriment de la présence du scénario, les cinématiques ont été conçues avec un soin jamais vu jusque-là. Leur rareté est largement compensée par la mise en scène subtile, l’écriture concise et élégante, le doublage anglais remarquable et l’accompagnement musical des plus délicats. Traités avec bien plus de retenue que dans les autres épisodes en 3D, les personnages jouent de sous-entendus et accompagnent avec justesse les nombreuses thématiques de cette intrigue théâtrale.
C’est vrai, l’ère d’Ivalice est passée depuis bien longtemps, mais Final Fantasy XII l’incarne toujours sous sa forme la plus riche, la plus généreuse et la plus accueillante, et c’est certainement en cela qu’il mérite d’être remis sous le feu des projecteurs. Il a toute sa place dans le catalogue de tous les Final Fantasy qui l’ont précédé, et qui sont désormais aisément accessibles sur les consoles actuelles. En attendant FFXV qui n’arrivera pas avant encore bien longtemps, le retour du douzième épisode sous une forme remasterisée serait plus que bienvenu. Cette merveille mérite toute l’attention qu’on peut lui donner.
Les images de cet article proviennent d’une version émulée de FFXII sur PC.