Réactions : une idée de Final Fantasy

À la suite de la publication de mon deuxième éditorial, une idée de Final Fantasy, plusieurs lecteurs m’ont écrit pour réagir ou partager leur sentiment sur Agni’s Philosophy et la définition de la série. Après chaque nouvel éditorial, je ferai ainsi en sorte de publier des extraits de ces commentaires afin de poursuivre la réflexion.

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Et je dis bien des extraits, car ces réactions étaient souvent longues. Ces morceaux choisis sont ceux qui me semblaient les plus pertinents. J’espère que les intéressés ne m’en voudront pas. Commençons par un avis plus positif que le mien sur la place occupée par les références aux anciens épisodes dans le Final Fantasy XIV de Naoki Yoshida.

Le statut d’épisode en ligne de FFXIV lui confère une singularité de principe qui peut lui permettre de se mouvoir en marge de certains codes. Lorsque Yoshida et son équipe remettent FFXIV à plat, j’imagine qu’ils s’interrogent tout autant sur ce qu’attendent les joueurs d’un nouveau MMO, que sur leur définition d’un nouveau Final Fantasy. Sans doute même davantage, la genèse d’une grande part de l’univers ayant déjà eu lieu.
Un environnement se voulant immense, varié et vivant afin de favoriser l’immersion et le goût de l’exploration, des mécanismes de jeu profonds de façon à éviter toute lassitude prématurée, une variété de contenu ouvrant différentes perspectives d’occupation du temps de jeu, une économie sans inertie, la scénarisation d’une quête principale en toile de fond ou fil conducteur selon l’envie, etc. Bref des éléments qui puissent permettre au joueur d’atteindre 2 sentiments : échafauder sa propre liberté et en avoir pour son argent, afin qu’il prolonge l’expérience payante durablement.
Dans ces conditions, l’implémentation de quelques éléments type Gold Saucer & Co révèle-t-elle nécessairement un manque d’ambition latent ? Je n’en suis pas si sûr. Précisément parce que le plus gros du travail d’idées et d’ambition doit être fait en amont et tout autour, que l’univers inédit existe par ailleurs. […] Dans la mesure où ces ajouts ne relèvent pas du fondement même de l’environnement d’Eorzéa, ils ne peuvent redéfinir à eux seul la direction prise par ce 14e épisode, ni présager d’ailleurs de l’immersion qu’il procurera.
– aGamemnon

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Un autre avis positif sur FFXIV, un peu moins en revanche sur Agni’s Philosophy et sur la place occupée par la technologie. Bien sûr, il ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agit que d’une démo de 4 minutes, alors il est normal que l’univers ne puisse pas se déployer autant que dans un jeu réel.

J’apprécie que vous rappeliez que Naoki Yoshida veuille avant tout rattraper le coup concernant FFXIV. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose si on pose désormaisFFXIV comme un véritable parc d’attractions : Disneyland célèbre ses créations dans un seul endroit, un lieu que le visiteur lambda explore activement et non passivement (il y a un monde entre regarder Alice au pays des merveilles et traverser le labyrinthe soi-même). Célébrer, c’est le bon mot. Ça fait 25 ans que Final Fantasy existe, c’est énorme pour une licence.
Je trouve à redire paradoxalement sur Agni’s Philosophy : la vidéo me fascine, plus pour ses éléments factuels que sa technique. […] Cependant, il m’attriste de voir « qu’à la rigueur » l’histoire passe en second plan pour justifier de l’apparition d’Agni et de sa philosophie. L’artifice d’un nouveau moteur devient la moelle épinière des créateurs : ça ne peut pas marcher. Final Fantasy XIII aurait pu être très bien. Mais il y a quelque chose de boursouflé et de lisse en permanence : la technologie est un cache-misère ici.
– Baron_Samedi_Soir

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La réaction ci-dessous va plutôt dans le sens de mon éditorial, avec une généralisation à la situation du jeu vidéo en général. J’aurais pu aller jusque-là moi aussi, il est vrai, mais mon article était sans doute déjà assez long.

Si les jeux Final Fantasy avaient existé indépendamment les uns des autres, sans que la série en elle-même n’existe, les derniers opus auraient sans doute reçu des accueils bien moins extrêmes, dans le positif comme dans le négatif. […] Ce qui fait un bon Final Fantasy, c’est sa capacité à ne pas ressembler aux autres.
Si l’on regarde comment les grands éditeurs d’aujourd’hui font marcher leur commerce, on se rend bien vite compte que la tendance majoritaire est à la réutilisation. Les plus grands succès ces dernières années sont bel et biens les Call of Duty, dont le principe est de produire des sosies chaque année. […] Les fans de Final Fantasy ne fonctionnent pas tous avec ce système, mais une grande partie (des anciens comme des nouveaux venus) attendent toujours un jeu qui leur parle, qui est fort semblable au précédent. Et cela ne répond pas à la définition d’un Final Fantasy énoncée plus haut.
En cela, [le cas particulier de FFXIV] est à la limite fataliste tant le marché finit par imposer ce type de schéma de production.
– Lindzei

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Toujours dans la recherche d’une définition satisfaisante de Final Fantasy, la réaction suivante vient d’un militant du « FF c’était mieux avant » comme il le dit lui-même… Mais qui a tout de même été séduit par Agni’s Philosophy. Comme quoi, cette démo n’est peut-être pas si dépaysante que cela pour les fans de la série.

Je pense que si ces changements sont évidemment nécessaires, un minimum de bases héritées du passé de la série le sont aussi, car il y a à mes yeux une quantité assez importante de ces éléments qui ont toujours été présents et qui ont fait se dire aux joueurs « je joue effectivement à un Final Fantasy » qu’ils jouent à un FFV « old-school » ou à un FFVIII assez unique. Une sorte de ligne de base servant d’amortisseur pour accompagner les changements entre chaque épisode. Vulgairement, on pourrait dire que c’est une histoire de dosage… Je n’aime pas le coté « recette » que ça sous-entend mais je n’arrive pas à mieux l’expliquer.
En revanche, si on a beau souvent me considérer comme un militant du « FF c’était mieux avant » puisque que je n’adhère pas vraiment aux épisodes les plus récents, j’ai été assez conquis par la réinterprétation des éléments récurrents de FF donnée par Agni’s Philosophy. Il y a ce côté réaliste dans l’univers qui me séduit particulièrement… Je regrette presque que ce ne soit qu’une démo technique sur ce coup.
– Lorry

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Terminons avec cette réaction plus courte mais très inspirée malgré tout. L’idée que Final Fantasy est une série qui se définit elle-même est sans doute aussi séduisante que dangereuse, et c’est bien pour cela que nous avons besoin de quelques repères, aussi indéfinissables soient-ils. A méditer.

Définir Final Fantasy… Le plus simple serait de dire « Final Fantasy est Final Fantasy », on a forcement raison et on met tout le monde d’accord comme ça. Mais, si on devait se compliquer les choses, le plus juste serait de définir FF par ses crédos, ses lignes directrices (ce qui rejoint l’idée de définition au final) : une vitrine technologique et artistique, le renouvellement et l’ambition d’un chef-d’œuvre. A cela on ajoute l’héritage des précédents opus, car FF, c’est aussi ça.
– Rendal

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